La Route 66 en Californie
Ça y est, nous y sommes ! Après près de 4000 kilomètres sur le tracé le plus mythique du continent, après les gratte-ciels de Chicago, les pairies de l'Illinois, les monts Ozarks du Missouri, le territoire indien de l'Oklahoma, les cowboys du Texas, les vieilles pierres du Nouveau-Mexique et les paysages arides d'Arizona, nous nous apprêtons à franchir la mythique frontière californienne. Comme les premiers pionniers de la Ruée vers l'or à la fin du dix-neuvième siècle, en quête d'ouest, de grands espaces et de mines remplies de secrets précieux. Comme les Oakies de la Grande Dépression qui les ont suivis et dont l'exil est raconté par John Steinbeck dans « Les raisins de la colère » et par tous les autres qui voyaient en elle, la Californie, des promesses de vie meilleure.
Mais avant d'atteindre les doucereuses plages de l'Océan Pacifique sur lesquelles vient se mourir le tracé historique, il reste à franchir quelques obstacles naturels – puis humains, dans la mégapole de Los Angeles ! - parmi les plus rigoureux du tracé...
Le désert et les montagnes
L'extrême désert de Mojave nous accueille à la frontière de l'État, dès la petite localité de Needles, la ville la plus chaude du pays et ses températures qui dépassent allégrement les 40°C en été.
Puis se succèdent les sommets, les cols et les segments de Route vertigineuse, escarpée et parfois dangereuse.
Car on a tendance à oublier que la Californie, désertique et océanique est avant tout... un État de montagnes. Elles ont été sculptées par les incessants mouvements tectoniques qui causent chaque jour de petits tremblements de terre, généralement imperceptibles. A de nombreuses reprises, la Route 66 longe la redoutable et redoutée « faille de San Andreas » à l'origine de ces nombreux mouvements géologiques.
Les pics se succèdent ; le Cadiz Summit puis le Cajon Pass (1280 mètres) qui nous amène de Barstow à San Bernardino. En altitude, les nuits sont particulièrement fraîches tandis que déjà, la Route redescend. On devine au loin le smog de la mégapole des Anges et encore plus loin, l'immensité de l'Océan pacifique.
Los Angeles, autoroutes et paillettes
San Bernardino nous ouvre les portes de la mégapole de Los Angeles, enchevêtrement d'autoroutes qui donne le vertige.
Restez bien agrippé à votre carte routière (ou à votre GPS) car il vous faudra emprunter la plupart du temps le réseau des Interstates, comme tout le monde et ça bouchonne. En permanence. Méfiez-vous des voitures qui slaloment pour grappiller quelques places et faufilez-vous, aux heures de pointe, dans les voies « Carpools » si votre véhicule abrite deux passagers et plus (Voir notre rubrique « Circulation routière aux États-Unis »)
Bref, l'arrivée sur les rives de l'Océan pacifique ne sera pas toujours une partie de plaisir. Mais ne vous focalisez pas sur cette arrivée un peu stressante ; dès qu'on sort des principaux axes encombrés et qu'on pénètre dans le centre de L.A, on touche le mythe du bout des doigts en parcourant le Hollywood Boulevard et ses empreintes et étoiles de stars qui jalonnent ses trottoirs. L'artère regroupe plusieurs cinémas mythiques et les sièges historiques des plus grandes sociétés de production cinématographique du monde.
A Santa Monica, la jetée (Santa Monica Pier) marque symboliquement la fin de la route. Devant l'immensité de l'Océan Pacifique, on laisse derrière nous près de 4000 kilomètres de souvenirs, d'émotions, d'histoire, d'anecdotes, de rencontres.
Finalement, le goudron n'était qu'un prétexte à une aventure plus grandiose encore...
Principales curiosités le long de la Route 66 en Californie
Needles, la ville la plus chaude des États-Unis, nous ouvre les portes de l'extrême désert du Mojave. Elle doit son nom aux montagnes en aiguilles (needles) qui l'entourent.
Le « Graffiti corridor » dans les environs de Chambless perpétue une solide tradition de la 66 depuis des décennies, une forme d'art participatif qui invite chacun à s'approprier – ou à initier - l'oeuvre (le Cadillac Ranch tagué par les visiteurs d'Amarillo au Texas en est le porte-drapeau). Ici, les visiteurs accrochent leurs chaussures ou taguent leurs noms et autres slogans variés sur un corridor de plusieurs miles entre Essex et Amboy, à l'ouest de Chambless. Attention aux serpents dans les hautes herbes si vous souhaitez apporter votre pierre à l'édifice.
Le « Amboy Crater » est un cratère volcanique situé dans les environs d'Amboy, une ville fantôme depuis la fin des années 1940 qui possédait autrefois son aéroport, son église, son école, son cimetière, son café, son garage, ... Le cratère a été formé il y a 6000 ans. Il se rejoint à pied. Compter plus de 2h de marche.
Le Bagdad Café se situe à Newberry Springs, en plein désert de Mojave, fidèle au film éponyme qui voit se confronter une touriste allemande perdue et la tenancière remplie d'amertume de ce petit café-motel-station à essence.
La ville-fantôme de Calico, à environ 5 km (pas directement le long de la 66) regroupe les bâtiments abandonnés d'une ancienne ville minière fondée en 1881 dans les Calico Mountains au coeur du désert du Mojave. Ses sous-sols remplis d'argent attirèrent jusqu'à 1200 personnes et plus de 500 mines d'argent et les bars, salles de jeux, bordels... et quelques églises nécessaires à l'animation de cette communauté. Calico fut totalement abandonnée en 1907 lorsque les mines se vidèrent de leur précieux métal. La ville-fantôme est aujourd'hui protégée, classée monument historique et se situe en retrait de la Route 66, à un peu moins de 5 km de Barstow (on voit les lettres géantes « Calico » inscrites sur la montagne depuis l'Interstate).
Le Route 66 Mother Road Museum se perche dans les montagnes de Barstow. Il relate l'itinéraire de la Route 66 en Californie, ses principales attractions, son histoire et son impact économique dans la région, en particulier à Barstow, alors étape incontournable de la 66 au coeur du désert de Mojave, littéralement asphyxiée par les embouteillages qui se formaient le long de son artère principale. Tout a bien changé...
Le Bottle Tree Ranch à l'est d'Helendale est l'initiative privée d'un artiste dont le père récupérait les bouteilles abandonnées aux abords de la 66. Il en a fait cette surprenante composition artistique piquée de centaines de bouteilles vides et de vieux panneaux routiers. Attention, à observer de la route uniquement, le franchissement du portail est interdit.
Le Cajon Pass, ou col de Cajon, constitue le dernier haut sommet pour la 66 qui s'apprête ensuite à entamer sa longue descente jusqu'à la mégapole de Los Angeles. A 1280 mètres, le petit « Old Outpost Café, The Summit Inn » entrepose à l'extérieur de son joli bâtiment évadé d'un autre temps de vieilles automobiles, tracteur et voitures, perchés jusque sur son toit !
Le pavement original de la 66 à Devore est sans doute le seul exemple du genre encore visible en suivant le tracé historique.
San Bernardino nous ouvre les portes de la tentaculaire agglomération parcourue d'autoroutes de la cité des anges. La petite ville de San Bernardino – sans grand intérêt – vit aussi naître... le premier Mc Donald's de l'histoire ! Ouvert en 1948, il abrite aujourd'hui un musée dédié à McDonald's.
Le Wig Wam Motel de Rialto est le deuxième motel de ce genre que vous croiserez le long de la 66, après celui de Holbrook en Arizona. Appartenant autrefois à une chaîne de sept établissements similaires qui se dressaient aux abords de la 66 dès les années 1930 jusqu'aux années 1950, les « Wig Wam » présentent la particularité d'héberger leurs invités à l'intérieur de tipis « en dur ».
El Centro Market, à Pasadena, a inventé le concept du « Drive-thru Market » ou épicerie « avec service au volant ». Récemment rénové, il accueille, aujourd'hui comme hier, les automobilistes.
Le Hollywood Boulevard nous plonge au coeur du centre de Los Angeles, dispersant ses célèbres étoiles aux noms des plus grandes stars du cinéma, de la chanson, de la télévision, du théâtre et du spectacle ainsi que les empreintes de mains et de pas des plus illustres d'entre eux devant le Grauman's Chinese.
L'avenue Rodeo Drive du très chic et mythique quartier de Beverly Hills à Los Angeles est le shopping-spot incontournable de la jet set de L.A. Les enseignes les plus chics s'y succèdent, cédant ensuite leur place à des habitations démentes cachées derrière leur haie touffue.
Le Santa Monica Pier ou jetée de Santa Monica marque très officiellement la fin de la Route 66. Un panneau la signale au centre de cette passerelle qui se prolonge sur l'Océan pacifique.