La Route 66 : une icône familiale
Entre l'après-guerre et les yéyés, la Route 66 est avant tout la route des « babyboomers », un itinéraire où se pressent les voitures familiales à l'approche des grandes vacances scolaires d'été. Et au bord de la route, les publicitaires ont bien compris qu'en conquérant les enfants, ils convaincront leurs parents. Ainsi, au tournant des années 1950, la route se métamorphose en extraordinaire parc d'amusement à ciel ouvert où tout est conçu pour distraire les plus petits.
Pour eux, l'émerveillement surgit à l'angle de chaque rue, de chaque carrefour, chaque motel, de chaque diner, de chaque panneau publicitaire.
Les municipalités font preuve d'un humour fracassant et les châteaux d'eau (water tower), emblèmes des villes aux États-Unis car visibles de loin, se parent de mille artifices pour amuser les voyageurs et les attirer : à Atlanta dans l'Illinois, le château d'eau prend la forme d'un Smiley jaune vif ; à Groom au Texas, la Water Tower, plantée de biais, semble sur le point de s'affaisser tandis que la palme revient sans doute à St. Clair au Missouri et ses deux tours d'eau distinctes, « hot » et « cold » !
« Allez papa, on s'arrête ! » hurlent les petits à l'arrière de la voiture tandis que les « Juke box » hurlent dans les diners au formica pastel, que les baleines bleues se métamorphosent en piscines et que les motels s'installent à l'abri de tipis.
C'est l'époque de l'insouciance, de l'envie de l'ouest, de vacances, de mobilité. Nat King Cole chantait alors : « If you ever plan to motor west, Travel my way, take the highway that is best. Get your kicks on route sixty-six ... ».