La Route 66 : une route meurtrière
La « 66 » n'a pas toujours été la route romantique que l'on aime décrire. Elle est aussi terriblement meurtrière pour les automobilistes qui y circulent... et pour les piétons qui la traversent. Car, au fil des décennies, les automobiles sont toujours plus nombreuses. Les stations-essence fleurissent au détour de chaque virage, de chaque village, le nombre de voitures explose avec l'invention de la Ford T.
Après la guerre, les années folles voient déferler le voyage de tourisme. La route tente de s'adapter, ouvre deux, parfois quatre voies, mais ne parvient pas à enrayer les embouteillages qui se forment.
Dans leur sillage, le nombre des accidents mortels explose. La romantique « Mother Road » se voit affubler de surnoms nettement moins flatteurs : « Bloody Highway », l'Autoroute sanglante, ou « Death Alley », l'Allée de la Mort...
Certains segments de la route se voient attribuer de sordides surnoms, comme le « Dead Man's Curve », la Courbe de l'Homme Mort, à Towanda ou le pont embrumé de « Devil's Elbow », le Coude du Diable, au Missouri.
Pour la population qui vit aux abords de la route, la situation devient intenable. Au centre des localités, le flot continu de véhicules rend le franchissement de la route dangereux.
Quelques municipalités financent des passages piétons souterrains tandis que d'autres renoncent tout simplement au tracé de la 66, plaidant pour un contournement... au détriment des commerces de la ville. On ne le sait pas toujours, mais c'est en particulier la dangerosité de la Route 66 qui motivera, dès les années 1970, son déclassement progressif.