Route 66 : une icône publicitaire
La Route 66 connait les débuts puis l'apogée de l'automobile. Iconique, elle participe même à son essor et invente des concepts publicitaires inédits lorsque, à la fin de la guerre, elle voit apparaître de nouveaux voyageurs en quête de dépaysement et de loisirs ; les premiers touristes déferlent sur la 66 et vont tout révolutionner.
La croissance explose, tout comme la natalité. Pouvoir d'achat, premiers congés payés, voyages en famille jusqu'à Disneyworld en Californie, désormais accessible en voiture ! On ne se déplace plus par nécessité mais « par plaisir ». Et le concept est totalement novateur !
Aux abords de la route, tout est fait pour attirer cette nouvelle clientèle et la 66 s'orne de panneaux géants, de néons illuminés toute la nuit, de peintures murales clamant des slogans publicitaires novateurs et parfois provocateurs, des objets et personnages géants, que l'on appelle les « Muffler Men » qui brandissent tour à tour des haches, des drapeaux américains, des hot-dogs aussi démesurés qu'eux, assurant la promotion de l'établissement qu'ils jouxtent.
L'imagination des commerçants n'a pas de limite : plus c'est grand, plus c'est visible. La concurrence exacerbe les ambitions et les panneaux sont de plus en plus grands. Certains centre-villes ne sont qu'une succession de telles insignes, aujourd'hui pour la plupart fantomatiques, par exemple sur la Central Avenue d'Albuquerque au Nouveau-Mexique, la plus longue avenue du monde qui regroupait un nombre record d'établissements dans les années 1950, pour la plupart aujourd'hui fermés.
Le propriétaire des grottes « Meramec Caverns » a même l'idée de racheter des dizaines de granges au bord de la Route et de peindre le nom de ses grottes en couleurs vives pour attirer les voyageurs dans ses incroyables grottes (Les Meramec Caverns Barns), pourtant situées à plusieurs dizaines de miles du tracé mythique mais dans lesquelles on pénètre en voiture – bienvenu refroidissement pour les moteurs éprouvés des automobiles - et où l'on peut danser sur une piste de danse aménagée.
Tous ces concepts novateurs n'ont qu'un seul but : attirer le regard occupé du voyageur de la 66 et – surtout – convaincre les enfants de s'arrêter (Voir : « Route 66, une icône familiale »).
En effet, c'est d'abord aux cadets que s'adressent ces nouvelles icônes du marketing hyper visuelles, aux couleurs si possible vives et toujours très ludiques. Car au détour des années 1950, la nouvelle génération en culotte courte des « babyboomers » déferle sur la 66 et chamboule ses codes de communication. La route de papy et mamy devient un tracé familial, en pleine effervescence. On veut désormais s'y amuser et plus seulement uniquement y circuler.